Mesdames et Messieurs,
chères grenobloises, chers grenoblois,
Monsieur le Maire,
Quel est le coût pour la ville de Grenoble de votre isolement ?
Notre ville ne pourra pas se substituer longtemps aux compétences des autres collectivités, voire à celles de l’Etat, sauf à augmenter encore et encore les impôts. Ce que j’appellerais “confinement institutionnel” dans lequel se retrouve aujourd’hui Grenoble est une impasse qui a des conséquences budgétaires en recettes, avec l’augmentation de la taxe foncière et par conséquent des conséquences financières en dépenses.
Il ne se passe plus un jour durant lequel on entend pas parler de Grenoble Habitat. L’incapacité de la ville de Grenoble à vendre la société remplit d’inquiétudes les grenobloises et les grenoblois, qui ne voient dans cette affaire qu’une impasse vers laquelle nous marchons depuis près de trois ans parce que nous n’avons pas réussi collectivement à nous entendre avec la Métropole.
Grenoble Habitat est le symbole de votre isolement, de méthodes d’actions qui font aujourd’hui l’objet d’un rejet. Au-delà de ce symbole, expliquons quelque peu le contexte de cet isolement aux grenobloises et aux grenoblois :
- En 2021 : 11,5 millions d’euros sont inscrits en recettes de cession de la compagnie de chauffage intercommunale de l’agglomération Grenobloise. Pas réalisés ! Nous avons dû recourir à un emprunt de 10M d’euros.
- En 2022 : 17 millions d’euros de recettes sont inscrits dans le cadre de la cession de Grenoble Habitat. Pas réalisés !
- En 2023 : 37 millions d’euros inscrits toujours dans le cadre d’une cession de Grenoble Habitat, pas réalisés non plus ! Il a fallu recourir à un nouvel emprunt d’équilibre, portant le total de l’emprunt sur 2023 à 45,8 M d’euros.
Généralement, quand une ville emprunte et s’endette, c’est qu’elle mène une politique de grande ampleur, qui change le quotidien de ses habitantes et habitants.
Mais ici, à Grenoble, on s’endette pour rien ! Ces emprunts n’ont pas servi à “accélérer les investissements”, ou pour mettre en place le fameux boulet fiscal qui sera le symbole de votre deuxième mandat. Ils n’ont été faits que pour compenser l’inaptitude de cette majorité à discuter sérieusement avec ses partenaires.
Nous apprenons d’ailleurs que vous rencontrez le président de la Métropole au sujet de Grenoble Habitat demain. Nous saluons évidemment la démarche de reprise de ce dialogue, mais nous étonnons de la date tardive de ce rendez-vous.
L’endettement successif de la ville n’est donc en aucun cas lié à des mesures que vous auriez mis en place pour le territoire : il n’est que la conséquence de votre isolement. Cette situation vous amène à user du “en même temps” : augmenter de 44 millions d’euros le budget de la ville par la hausse de la taxe foncière, et “en même temps” emprunter à hauteur de 47 millions d’euros, et ainsi augmenter la dette de la ville.
Combien de ressources financières auraient été possibles sans cet isolement ? Combien, par des mutualisations avec la Métropole de Grenoble ? Combien pour nos liens avec l’Etat pour la sécurité des grenobloises et des grenoblois ? Combien pour nos liens avec la Région ? On notera au passage l’absence de Grenoble dans le projet des Jeux Olympiques dans les Alpes de 2030…
Votre isolement nous coûte très cher. Or, il y a une alternative. La question du budget dépend de la façon dont on la pose. Nous pensons qu’il faudra sortir de cet isolement et regarder sérieusement la question de la ville, de son budget, de ses politiques publiques, comme la ville étant un acteur au sein d’un écosystème local, dans lequel elle n’est pas seule, mais partie d’un réseau de collectivités et d’institutions. La question est simple : n’y a-t-il pas d’autres façons de faire pour obtenir une meilleure adhésion à un projet de transformation, que nous jugeons indispensable, dont on ne conteste pas les objectifs politiques à l’heure du dérèglement climatique. Pourquoi Grenoble devrait assumer seule tous ces coûts dont je viens de parler ?Notre volonté est de retisser des liens autour d’un projet métropolitain avec les autres communes. Le fait métropolitain nous invite à stabiliser une fabrique des décisions, décisions qui peuvent être mieux partagées, et rebâtir la confiance pour se donner à terme des marges de manœuvre budgétaires sans augmenter les impôts, voire en les diminuant, comme nous allons le proposer dans quelques instants.